L’artiste donne sa force aux enjeux du monde en rassemblant pour son œuvre des connaissances éparses qu’il ou elle approfondit, détourne ou effleure, mais qu’il ou elle utilise comme autant d’éléments inspirants pour formuler sa vision. Cette utilisation particulière des savoirs disponibles, cette façon de fouiller le nouveau, l’ancien, l’obsolète, l’essentiel et le marginal avec une même passion, de plonger dans l’incompréhensible, caractérise les pratiques artistiques.
Dans une lettre fameuse, le poète John Keats fait l’apologie de ce qu’il nomme la « capacité négative » (« negative capability »). Il fait usage de cette notion pour tenter de décrire ce qu’est à ses yeux le génie de Shakespeare : une sorte de don permettant de séjourner dans le mystère, de traverser le doute et de se nourrir de l’incompréhension. Shakespeare ne succombe pas à la tentation de la mise en ordre logique des données, il transfigure en beauté l’inquiétude de ne pas comprendre. Il parie sur l’inconfort de ne pas saisir les lois du monde pour mieux les réinventer. Cette étrange « capacité négative » nous permet de reconstituer un sens à l’univers, comme on le fait d’un dinosaure à partir de l’une de ses vertèbres fossilisées.
Les Diagonales font un pari de même nature. Celui d’une plongée vers les confins de l’entendement. Leur ambition est de nous propulser à la pointe la plus extrême de ces domaines spéculatifs et d’y éprouver des vertiges plutôt que d’y collectionner des notions.
Les Diagonales sont identifiées par des disciplines. Chacune a un·e professeur·e qui organise chaque année deux workshops de deux jours, précédés et suivis de séances de travail avec les étudiant·es.
Les Diagonales sont : Philosophie, Sciences, Cinéma, Archivistique, Technologie et Métamorphoses.